La sculpture,
une manière de fossiliser un instant imaginaire au sein d’une réalité physique.
Les paysages que je traverse sont, au hasard des découvertes, les déclencheurs de mon travail
d’installation. Je transforme ainsi l’espace, en créant pour lui un imaginaire, mon imaginaire, que j’y installe.
« L’espace fond comme le sable. Le temps l’emporte et ne laisse
que des lambeaux informes.
Arrachez quelques bribes précises au vide qui se creuse,
laissez, quelque part, un sillon, une trace, une marque
ou quelques signes.»
Goerges Perec, Espèces d’espaces
Les Dégonflées sont de passage. Formes imposantes,
elle pourraient laisser une trace, mais semblent vouloir s’avachir.
Elles commencent à couler ou à se gondoler, tel de petits fantômes agitant leurs draps
Leur corps de faïence accidenté suggère des pistes de perdition : elles sont l’absence, l’épuisement, la vulnérabilité. Quelques pneumatiques viennent alors apporter un nouveau souffle et amortir les chocs. Industriels et indestructibles.
Mais ils protègent autant qu’ils étouffent.
En interrogeant le temps de la décomposition, massivité et fragilité
sont ici conjuguées comme métaphore possible de la sculpture
elle-même, mais aussi de notre époque.