TECHNIQUE
Plaques de porcelaine façonnées au jeté et au rouleau à la main, anses tirées à la main. Éléments superposés en suspension à l’envers. Déformations obtenues par cuisson à l’endroit (four
électrique 1280°C).
DÉMARCHE
Suspendre consiste à « laisser pendre », autrement dit à « fixer tout en laissant libre ». Devant la gravité et le vide, sur quoi reposent les choses ? Quelles tensions s’exercent et quels
mouvements s’animent, vers quels desseins ? Devant les flux, le geste « rejoue ce qui afflue ». Entre réalité et perception, c’est un jeu de va-et-vient rejoignant le «balancement perpétuel ». «
Devant la matière qui impose sa propre forme à la forme, la forme n’agit pas comme principe supérieur modelant une masse passive », et « dire » relève autant de ce qui tient que de ce qui tombe.
Dans cet espace relatif et plastique, glissements et transformations opèrent, les rapports se tissent, les formes mises en « abyme » se meuvent et font sens. Plus que « posées », les questions
sont « mobilisées ».
« Prendre à corps » le matériau comme tentative de « mise en suspens »,
mais les choses ne sauraient reposer ici plus qu’ailleurs, quand elles existent et s’étendent au delà. Devant l’impossible du plein et du repos,
n’ est ce pas le vide éprouvé qui ne nous permet de concevoir autre chose que la vie ?
« L’esprit supérieur est un esprit mou qui s’abandonne et ne dirige pas.»
Tchouang Tseu
Sources :
[1] Maurice Fréchuret, «Le mou et ses formes», Collection Espaces de l’art, 1993
[2] Marcel Jousse, «Anthropologie du geste», Éditions Resma, 1969
[3] Chantal Lapeyre-Desmaison, «Pascal Quignard, la voix de la danse», Presses Universitaires du Septentrion, 2013
[4] Henri Focillon, «Vie des formes», 1934
NATHALIE JOVER