Je fabrique des sculptures d’usage inspirées de poteries traditionnelles du centre de la France : boîtes, verseuses, épis de faîtage, qu’on trouve en Corrèze, lieu d’installation de mon atelier et territoire familial.
Mon travail relève de l’assemblage. Je collecte des formes potières tournées, que je décompose et recompose avec des éléments moulés (jouets, ustensiles), tirés d’un environnement domestique coutumier (la chambre où l’on joue, la cuisine).
Ces deux répertoires hétérogènes, extraits d’un fonds commun populaire, se mêlent dans les pièces. Les différentes parties « étrangent » le tout, dans un processus de transformation continu, témoin de la vie des formes. Ce processus d’altération des formes et du décor me permet de lier généalogie réelle et rêvée. Partant d’un matériau collecté, sur le modèle de l’enquête ethnologique, sur mon terrain d’enfance, je brode ma propre histoire, en suivant la trace de figures tutélaires : potiers, collecteurs, artistes, anthropologues (ils se confondent parfois), rencontrées en cheminant.
La dimension usuelle est un point de départ pour penser l’objet sur un seuil entre deux mondes, domestique et fantastique. La distorsion travaille à plusieurs endroits, dans les déformations, les combinaisons de répertoires, les jeux d’échelle, qui brouillent les frontières entre fonctionnel et dysfonctionnel, et me permettent de jongler entre utilitaire et sculptural, entre l’objet et son double.
@le_modelurer