Florence Bruyas


 

Mon travail est une exploration biographique , une introspection étroitement liée à des trauma

d'enfance et d'adolescence qui se rejouent et cherchent une issue dans un travail de tentatives

d'approche identitaire et fragmentaire du corps.

 

Une approche souvent psychanalytique, une entrée dans ma pratique artistique qui va de paire avec

une recherche, une quête personnelle que je mène depuis plus de 20 ans.

Dans cette perspective d'exploration biographique ou fictionnelle, je revendique une famille

d'artistes femmes telles Niki de St-Phalle, Louise Bourgeois ou Sophie Calle.

 

Mon matériau de prédilection : la céramique.

La terre, donne une réalité physique a ce besoin de construction identitaire et cette nécessité

d'ancrage. Pratique plus que millénaire, pratique des origines humaines, le travail de la terre, dans sa

dimension symbolique et historique, est déjà une réponse à qui cherche des racines et à se construire

une histoire et une ascendance.

La terre a une mémoire...je lui livre la mienne et dans ce dialogue, je me modèle une réalité

physique. Je suis face à face.

 

Un besoin de ranger, classer, ordonner un tout éparpillé. Volonté d'apporter du sens et de rassembler

les morceaux. Voir se dessiner l'image du puzzle parmi toutes ces petites pièces en vrac. Un

autoportrait que je reconstitue par fragments, comme un archéologue recolle les tessons d'un vase

antique pour le reconstituer, lui donner forme.

 

Mon travail, dans ces débuts s'est appuyé sur la robustesse du matériau, transformé par le feu pour

affirmer un corps debout.

Un travail sur l'ossature et le dur, la porcelaine blanche et pure, parfois fragile mais résistante aussi :

colonne vertébrale, structure verticale, géométrie du cube comme symbole d'ancrage et

matérialisation de l'espace.

Un espace à soi qui se matérialise aussi par la construction de petites cabanes qui abriteraient des

secrets intérieurs . Un espace intérieur qui devient une frontière entre le soi et l'Autre. Petites

architectures personnelles qui interdisent toute effraction.

 

Mon travail prend aujourd'hui une nouvelle dimension dans une approche toute différente et

complémentaire du matériau. J'explore sa mollesse et joue avec l'organique. Je touche au mou, au

vivant, au fluide de la circulation sanguine qui anime les muscles, les tissus, les veines et artères

d'un corps en éveil.

Un corps de femme qui se reconnaît dans une sexualité désirante, qui interroge ses choix, affirme

une identité sans descendance. Un être à soi.

 

La notion de jeu à une part importante dans mon travail. et est constitutif d'une démarche de travail

en évolution, d'un processus de création entre "jeu et réalité".

L'atelier est terrain de jeu, théâtre des émotions et d'expérimentations de la matière. Certaines de

mes pièces font échos ou à ces jeux de cubes que l'on superpose, enfants, en des tours infinies et

vacillantes, prêtes à tomber à tout instant, ou à une jeu d'assemblage et de construction ou encore à

un jeu de quilles géant pour grands enfants qui se plairaient à tout "dégommer" .

 

"Faire, et en faisant se faire et n'être rien que ce qu'on fait" Jean Paul Sartre

 

florence-bruyas.fr