Luc Rouault

Les pièces céramiques présentées à la pentecôte 2014 à Chantemerle‐les-grignan,
sont l’expression de ce que Jean Jacquinot a noté de mon travail :
« le dialogue accordé de la terre et de la mer », car loin de toute idée
d’illustration ces deux forces semblent pourtant constitutives de ma
gestique céramique.
Ces pièces sont en grés, rouge, blanc et porcelaine, certaines cuites à basse
température, 1080°, d’autres en haute température autour de 1280°.
Les tailles varient de 0,30 à 0 ,80 m de long et entre 0,35 et 0,55 de haut
On trouve quelques photos de mon travail sur céramique.com ou en tapant
mon nom et en suivant ateliers d’art de France.

 

Je cherche à travers la matière et la forme, l’extension des principes constitutifs du
bol, et qui le métamorphosent en flux, en vague, en montagne, en ciel, en geste.
Partant de cet élément simple et universel j’explore les relations des polarités qui
régissent notre monde : intérieur/extérieur, vide/plein, architecture/spontanéité,
matières/peau, ambiguïté/radicalité, maitrise/chaos...


Mon temps est consacré à la sculpture céramique, à la réalisation de bols, ainsi qu’à l’animation de cours d’initiation à la céramique à l’association « souffle de terre », qui privilégie la conscience du souffle, du geste, et de la matière.


J’aime l'étude les phénomènes, les expérimentations, la danse et les gens.
Je pourrai spécifier toutefois que ma pratique s'appuie avant tout sur une gestualité
qui cherche sa liberté, s'inspirant peut-être par hasard de l'abstraction lyrique, de
l'action painting, ou de la spontanéité qu'on retrouve dans la calligraphie chinoise, ou en danse libre, sans volonté dogmatique d'une esthétique particulière. (Je dessine, je projette, puis j'oublie tout et je commence).


Je m'inscris dans cette attitude particulière de notre époque ou chacun dans ce
monde, ne sachant plus à quel saint se vouer - mais faut il se vouer à quelque
saint ? - s'interroge puis essaie et essaie encore.


Cette attitude aussi peu rassurante, et aussi grisante soit elle vis à vis de ses
multiples possibilités, me convient, objectivement… par la force des choses.
Mais si certains "figurent" (même par une expression ou des formes abstraites),
l'effondrement de ce monde de désastre, je choisis d'en exprimer avant tout le suc,
l'énergie créatrice. Chaque souffle portant en lui la permanence d'un  enouvellement, d’une potentialité, aussi âpre ou violent soient ils parfois.
Aussi, refaire des bols de temps à autre… m'apaise.


Plaisians, Février 2014                     Luc Rouault